Comment l’image peut-elle extraire du réel ce que l’usage rend imperceptible ?

Au bord du réel explore les conditions de visibilité dans un environnement structuré par la fonctionnalité et le flux. Réalisée dans la zone industrialo-portuaire d’Anvers, la série confronte un territoire sans qualité à un geste minimal : l’arrêt. Une voiture noire, récurrente, suspend sa course au sein d’un paysage conçu pour être traversé, non observé.

Ce dispositif introduit une friction dans l’espace : ce n’est plus le lieu qui fait image, mais la rupture du mouvement qui en active la perception. L’image n’est ni spectaculaire ni pittoresque. Elle travaille l’ordinaire, l’inaperçu, le trop visible. Par une rigueur formelle assumée — frontalité, neutralité, récurrence — Au bord du réel engage une critique du regard conditionné par l’usage.

Il ne s’agit pas de documenter, mais de désigner : ce point de bascule où le réel cesse d’être un décor pour redevenir un fait.